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Qu’est-ce que la saison des récoltes ?

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2020-02-10

Chronique agriculture - Qu’est-ce que la saison des récoltes ?

Au gré des chroniques que j’ai le bonheur de faire, je rencontre des gens qui ont envie de me partager leur quotidien.  Lors des premières rubriques, j’ai presque dû tordre des bras… Que voulez-vous, recevoir un appel ou un courriel d’une fille qui vient de la ville, et qui vous dit « j’ai envie de parler de votre production, de votre relève, de vos défis, est-ce que ça vous tente? », ce n’était pas évident.

C’est au début septembre que j’ai eu l’idée du sujet pour cette chronique, les récoltes.  J’avais le goût de savoir ce que ça représentait et c’est donc à Patrick Chamberland, de la Ferme YPC, qu’il détient avec son frère Yves, que j’ai demandé de m’expliquer les étapes et les défis de cette période. 

L’étable de la ferme Chamberland a été construite par leur grand-père, « ti-Philippe » en 1963.  C’est en 1970, que leurs parents Claude et Jeannette viennent s’installer dans la maison familiale, en cohabitation avec quelques frères et sœurs de Claude, pour prendre la relève.  La ferme devient alors la Ferme Claudiette.  Après un « détour » en charpenterie-menuiserie, Patrick rejoint son frère Yves à la ferme en 2008.  En 2009, Claude passe officiellement le flambeau à ses fils, et la ferme prend le nom de Ferme YPC.  Celle-ci possède aujourd’hui près de 60 kg en quota de lait et 600 arpents de terre en culture.

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Notre première rencontre s’est déroulée un après-midi froid et humide, à quelques heures d’une tempête de neige, au plan de séchage situé dans le Petit Rang.  Le temps était très gris, mais la passion était au rendez-vous !  Ce jour-là, son père Claude était au volant d’une voiture à grains et c’est son parrain Adrien qui m’a accueilli à mon arrivée.  Voyez-vous, les derniers droits des récoltes de soya et de maïs sont une affaire de famille.  Tout le monde met la main à la pâte… cette générosité est précieuse.

Lors de cette visite, une panne de tracteur ralentissait la danse synchronisée des récoltes.  Je dis la danse puisque tout est réglé au quart de tour et que chacun a son rôle à jouer.  Lorsqu’un joueur, cette-fois-ci un tracteur n’est pas là, ça ne marche pas bien et tout ralentit. 

J’ai donc appris le fonctionnement d’un séchoir à grains, l’importance du poids spécifique qui fait varier le volume et le coût de vente, les différences entre les unités thermiques, le taux d’humidité…. Je tiens à préciser qu’on parle ici de maïs qui se retrouve, entre autres, dans la moulée pour les animaux, et non du maïs sucré pour la consommation humaine.

Dans le gros de la saison des récoltes, la journée débute avec des objectifs en tête. On part avec un sac à lunch sous le bras, si tout va bien, on fait ce qui a été prévu.  C’est rarement le cas, puisqu’il y a des incontrôlables, comme des bris mécaniques ou la météo, qui nous presse à terminer un champ avant une tempête.  Dans ces moments-là, il arrive souvent, me dit Patrick, de se retrouver avec le même sandwich dans la main quelques heures plus tard sans en avoir pris une bouchée.  Sans compter les heures de sommeil qui justement se font rares.

Pour les agriculteurs qui font des grandes cultures, les récoltes représentent le fruit de plusieurs mois d’efforts et de planification.  C’est à un Patrick fatigué que j’ai demandé s’il trouvait ça long parfois parcourir les 600 arpents de terre, seul à bord de son tracteur.  Sa réponse, les yeux soudain brillants : « Ben non !!!  En été, je me fais bercer par le vieux tracteur de mon grand-père, je suis dans la nature… il n’est pas rare d’entendre sur la radio mon parrain qui annonce avoir croisé un chevreuil à la sortie d’un champ de maïs… ».

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S’il y a un point commun parmi les gens que je rencontre, c’est leur grande passion pour ce qu’ils font, même avec les tous les défis que ça comporte, les journées où tout est à vendre tellement ça mal et leur résilience.

La période des récoltes est le point final d’une saison qui a débutée alors que la précédente se terminait.  En effet, il n’est pas rare que les vendeurs de semences se pointent au plan de séchage.  Pendant l’hiver, Patrick et Yves passent plus temps avec les animaux, mais ils font aussi le ménage autour de leurs terres à bois.

Les semences se font généralement en mai et débute par le foin, ensuite le blé, le maïs et le soya. Habituellement tous les grains sont en terre en juin. Vient ensuite l’étape tant attendue, particulièrement par les enfants, l’érochage.  Je vous parlais de famille plus tôt, ne soyez pas surpris de croiser la belle Jeannette aux champs avec ses petits-enfants lors de cette période.  Celle-ci, n’est pas très agréable, mais permets de repousser ses limites et de passer du temps à se parler.  Patrick la compare un peu au « chemin de Compostelle ». 

La période des récoltes débute avec la première coupe de foin, juste à temps pour fêter la Saint-Jean-Baptiste.  Les coupes de foin subséquentes peuvent se faire jusqu’en octobre.  Le battage du blé commence vers la mi-août et c’est en septembre que se fait l’ensilage du maïs.  En octobre, après la « gelée mortelle », la dernière coupe foin, ensuite c’est la récolte du soya et le travail du sol avant l’épandage du fumier.  La récolte du maïs se fait quant à elle fin octobre, début novembre normalement. 

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Évidemment, si l’hiver est trop rude et endommage les prairies de fois, si des pluies diluviennes, des inondations printanières ou la chaleur tardive retardent le réchauffement du sol et les semis, que le nombre de jours de chaleur n’est pas au rendez-vous, que l’hiver est hâtif et qu’un grève créé une rareté de propane nécessaire aux séchoirs, bien ça nous donne la saison 2019.  Vivement 2020 !.

 Un immense merci à Patrick pour son accueil, son temps et sa patience à toutes mes questions ! 

 

 Marie-France Cloutier