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L’industrie caprine – portrait d’un producteur

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2019-04-29

Chronique agriculture - L’industrie caprine – portrait d’un producteur

J’ai rencontré Dominic Arel quelques jours après l’assemblée générale annuelle du syndicat des Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ) qui a eu lieu à Drummonville, le 20 mars dernier.  Leur industrie traverse actuellement une crise sans précédent.

Les débuts

Dominic est co-propriétaire de la ferme qu’il détient avec son père, Raymond.  Celui-ci a acheté un lopin de terre en 1977 pour de grandes cultures, mais il y construit aussi une « maternité » porcine.  En 1993, alors que la réglementation dans l’industrie est modifiée et que des rénovations majeures s’imposent, Raymond décide de convertir un des bâtiments pour l’engraissement des porcs et diminuer la taille du troupeau de « maternité ».

De retour à Saint-David, après avoir étudié à l’ITA de La Pocatière et travaillé dans Charlevoix, Dominic se joint à la ferme familiale en 1998.  Il devient actionnaire au début des années 2000.

Raymond est toujours très actif et s’occupe principalement des grandes cultures alors que Dominic est surtout responsable des animaux.  Les Arel cultivent aujourd’hui près de 300 hectares de terre sur lesquelles on y trouve du maïs, du soya (non OGM) et du blé pour l’alimentation humaine.

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Transition

Au moment où l’industrie porcine est en transformation, la « maternité » disparaît pour laisser sa place à l’engraissement des porcs.  En 2011, Dominic se retrouve donc avec un bâtiment vide.

Parce qu’il aime travailler avec les animaux, il décide, deux ans plus tard, de se lancer dans la production de chèvre laitière.  Une production abordable, où les quotas n’existent pas et où la gestion de la mise en marché est relativement ordonnée.  Il se dit qu’à 38 ans, il a la force et l’énergie pour relever ce nouveau défi.

Il achète un troupeau et ses contrats d’approvisionnement.

En ce qui concerne les porcs, Dominic fait toujours de l’engraissement, mais il loue le bâtiment avec ses services.  Les défis sont moindres, mais les risques aussi.

Industrie caprine

L’industrie caprine est petite et jeune au Québec. On y retrouve environ 60 producteurs de lait de chèvre et quelques producteurs de chèvres de boucherie. Les plus vielles fermes existent depuis 30 ans.

Pour ces raisons, il n’y a pas beaucoup de technologies disponibles et la grosseur de l’industrie n’incite pas à l’innovation.  Il n’y a même pas de médicament homologué pour les chèvres au Canada.

Pour sa part, Dominic possède un troupeau d’environ 400 têtes (incluant la relève) divisées entre trois races soit les Alpines, Saanen et Lamancha. Le troupeau produit 170 000 litres de lait annuellement.

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Journée typique

Comme bien des producteurs laitiers, Dominic se lève vers 5 h pour la traite et le soin des chevrettes.  Il s’assure d’être à la maison pour déjeuner avec les enfants et retourne terminer la traite ensuite.  Il s’affaire ensuite aux différents soins des chèvres et des porcs. On peut aussi le retrouver au garage ou en support au champs (en saison).

La semaine, il a un employé qui s’occupe de nourrir les chèvres le matin et de faire le train le soir, lui permettant de souper avec sa famille, ce qui est très important pour Dominic.  Le week-end, il n’a pas d’employé, mais Jérémy, son fils aîné est là pour l’aider.  Celui-ci étudie depuis septembre à l’ITA de Saint-Hyacinthe et il aspire à étudier en agronomie.  Il y aussi Magalie qui donne un coup de main avec les chevrettes.

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Avenir

À l’automne, les grands transformateurs de lait ont remis en question leur approvisionnement en lait de chèvre plaçant l’industrie caprine québécoise dans l’incertitude.  Dominic a même pensé lancer la serviette et mettre la clé dans la porte.

Lorsque je lui ai demandé quels étaient les principaux défis pour les 5 prochaines années, il m’a répondu qu’en ce moment, il ne pouvait pas voir aussi loin.  Grâce aux nombreuses interventions entre les parties prenantes et la pression des consommateurs, Liberté, Agropur et Saputo sont revenus sur leur décision et se sont engagés à acheter les mêmes volumes de lait en 2019, mais en coupant les prix de 10 % depuis janvier.

Cette vision à très court terme est inquiétante pour les producteurs.  Certains ont déjà vendu leur troupeau et d’autres songent à en réduire la taille.  Cette situation ralentit la poursuite d’améliorations, car sans les garanties nécessaires, le financement devient très hasardeux, voire impossible.

D’ici à ce que la situation soit stable pour nos producteurs, j’invite les amateurs de lait ou de fromage de chèvre à se procurer les produits de la Laiterie Chalifoux.  Celle-ci achète une partie de la production de Dominic et nous favorisons ainsi l’achat local.

Famille Arel

Gabrielle, Laurence, Annie, Dominic, Jérémy, Raymond et Magalie

Je tiens à remercier Dominic Arel et sa famille qui m’ont accueillie.

 

Marie-France Cloutier